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Au fil du temps ...
4 août 2011

Douceur d'un soir

 

La baleine aux yeux verts ( p22 )

"... On passe des hivers dans la chambre de lecture. Des saisons éternelles, des soirées dépensées comme de l'or. On jette les mots par la fenêtre, c'est incroyable, il en vient toujours plus. On lit sans ordre, sans raison. La lecture ne peut se commander. Personne ne peut en décider à votre place. Il en va de la lecture comme d'un amour ou du beau temps : personne ni vous n'y pouvez rien. On lit avec ce qu'on est. On lit ce qu'on est. Lire c'est s'apprendre soi-même à la maternelle du sang, c'est apprendre qui l'on est d'une connaissance inoubliable, par soi seul inventée. L'enfance tourne avec les pages. On est maintenant dans un âge difficile. Il est difficile parce qu'il n'existe pas. On est maintenant dans l'adolescence, comme dans une nuit sans étoiles. On est amoureux des grandes dames dans les livres. On frôle leurs mains nues, à la saignée de l'âme. On marche à leurs côtés, dans les jardins noircis de roses. Les mots se détachent du ciel bleu. Ils descendent lentement sur la page. Ils disent la légèreté, l'ardeur et le jeu. Ils disent l'amour unique, l'amour terrestre. C'est un amour qui contient Dieu, les anges et la nature immense..."

                                    La part manquante, Christian Bobin

                                                             

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Commentaires
C
"(...)On lit avec ce qu'on est. On lit ce qu'on est.(...)" : OUI !
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